Les anciens de Martigny se souviennent sans doute de la chapelle Saint-Pierre qui se trouvait rue Saint-Pierre sur la route de Lamarche. Cette chapelle vit le jour en 1637, suite à la destruction du village de Dompierre par les Suédois, lors de la guerre de Trente Ans. Ce village, appelé " La petite Martigny ", se situait à l'est de Martigny sur la route de Morizécourt. Suite à la destruction de leur village, les habitants vinrent s'établir au sud-ouest de Martigny et y rapportèrent des éléments de leur église : l'autel, le portail et le tabernacle en bois sculpté sur lequel était représenté Saint-Pierre prosterné aux pieds de Jésus pour implorer son pardon.

Ainsi, naquit la paroisse Saint-Pierre, également appelée quartier de Drosjû (mot patois qui signifie " droit joug " par allusion à ce que leur juridiction était exclusivement Lorraine). A cette époque, Saint-Pierre de Martigny, qui compte environ 10 habitants, est une paroisse différente de celle de Saint-Rémy. La nouvelle église Saint-Pierre a été bénie le 30 aout 1732, jour de la Saint-Fiacre, patron des jardiniers, envers lequel les habitants de Saint-Pierre portaient une grande dévotion. Le 20 juin 1749, les reliques de Saint-Gras et Saint-Prosper, martyrs, ont été mises dans la pierre d'autel par Monseigneur de Begon, évêque du compté de Toul. Depuis la démolition de la chapelle en 1968, cette pierre d'autel a été scellée à l'extérieur de l'église Saint-Rémy, derrière le chœur.

A partir du XXe siècle, la chapelle menaçait de tomber en ruine, les plafonds croulaient, elle ne fut plus réparée et fut donc démolie en 1968. Deux statuettes provenant de celle-ci sont toujours présentes dans l'église Saint-Rémy de Martigny : une statuette de Saint-Fiacre représenté en ermite et une statuette de Saint-Paul, compagnon liturgique de Saint-Pierre. Quelques-uns des Saints qui en faisaient l'ornement furent pris en sauvegarde par plusieurs habitants qui en ornèrent la façade de leurs maisons, ce que les promeneurs ont sûrement remarqué au cours de leurs balades à pied dans la localité. Un édifice dépouillé en quelques jours en 1793. - Jusqu'en 1793, chaque paroisse possédait trois cloches. Or, un décret de l'Assemblée nationale obligea toutes les paroisses à en donner deux afin de les fondre pour faire des canons pour l'armée. Le 2 décembre 1793, les deux cloches de la chapelle Saint-Pierre furent conduites au chef-lieu. Le 11 décembre de la même année, suite à l'adjudication ordonnant la destruction des croix et de tous les signes religieux, bon nombre d'objets de culte furent remis aux instances : un soleil d'argent avec son pied, un ciboire d'argent avec une croix en or au-dessus, un calice avec sa patère en argent, une boîte des huiles ainsi que les ornements. C'est également en 1793 que le culte fut supprimé dans cette chapelle, le dernier prêtre qui y officia fut le père Jean-François Marchal.