Bienvenue à Martigny les bains

L'HISTOIRE DE MARTIGNY LES BAINS

SITUATION - CLIMAT

Martigny les bains, bourg de 1000 habitants, se trouve entre 3°.28 de longitude est et 48°.7 de latitude Nord, il est situé à l’extrémité occidentale de la plaine des Vosges, à 40 kilomètres de Neufchâteau son chef lieu d’arrondissement, 5.500 kilomètres de Lamarche son chef lieu de canton et à 22 kilomètres de Bourbonne, l’Aquae borvonis des Romains.

Avant l’exploitation de la ligne ferrée 1881, il n’était désigné que sous le nom de Martigny les Lamarche, mais trop d’erreurs étaient commises pour les colis adressés par chemin de fer à Lamarche station voisine ou Martigny les Lamarche, trop de voyageurs descendaient dans l’une pour l’autre en entendant l’appel du nom de l’arrêt dans ces stations, aussi la substitution du nom qu’il porte actuellement a-t-elle été applaudie de tous, autorisée et approuvée.

Son altitude au-dessus du niveau de la mer est de 362 mètres place des sources minérales, 370 mètres à la gare ; 114 mètres au-dessus de la vallée de la Saône aux Thons qui n’est distant que de 14 kilomètres.

Elle est bâtie sur un plateau évasé entre deux échelons des monts faucilles dont le plus élevé a son sommet revêtu de riches forêts de chênes et de hêtres alternant avec des sapins court de l’est à l’ouest en passant à un kilomètre des habitations et les garantit contre les vents et les variations trop brusques de la température.

Il est placé près de la ligne séparative des bassins de la Saône et de la Meuse. Sur son territoire prennent naissance les rivières d’angers et du mouzon (corruption du mot Meuzon petite Meuse) ; tout d’abord elles coulent en sens inverse pour ne se rejoindre qu’après une course de 30 kilomètres entre Pompierre et Circourt.

La vallée du Meuzon qui va de l’est à l’ouest avant de se tourner à la gare de Lamarche vers le nord, n’est point encaissée, elle forme un plateau bien aéré, convenable en tous points pour une station climatérique, l’air y est très sain et les cas de longévité n’y sont point rares, nous aurions à citer nombre d’habitants qui n’y sont morts que dans leur dernière dizaine de siècle.

HISTORIQUE DE LA STATION THERMALE

1800

Au centre même du village, sur la rive du ruisseau de l’Aulne, affluent du Mouzon, il existait depuis un temps immémorial une source, où goutteux et rhumatisants des alentours venaient chercher guérison, elle avait nom Fontaine au fer.

Cette source émergeait sur la rive gauche du ruisseau, la municipalité la capta dans un cube creux ouvert d’un seul côté en forme de puisard, l’eau s’en échappait par un rigole d’un mètre de long taillée dans le grès, au milieu de cette rigole était creusé un bassin de la forme et dimension d’un plat rond en faïence ; pour y boire les personnes non munies d’un vase ad hoc s’agenouillaient les pieds sur les cailloux du lit du ruisseau et se plongeaient la face dans le bassin.

1829

Une première analyse en fut faite par Collard, elle parut, dans le journal de Chimie médicale en 1829, mais rien n’est resté de ces premières données.

1849

En 1849 une analyse officielle en fut faite par M. Ossian Henry, qui y révéla les mêmes éléments chimiques que ceux contenus dans les sources voisines de Contrexéville et Vittel avec des variantes sensibles en faveur de Martigny, elle est consignée et approuvée au bulletin de l’Académie de Médecine, tome XXIII, page 581 ; l’exploitation au point de vue médical en a été autorisé par arrêté ministériel du 20 mars 1859. Un décret intervenait peu après la déclaration d’utilité publique.

1856

Vers 1852 des personnes très sérieuses voyant en cette source si bien appréciée, quoique sans réclame, le point de départ d’une exploitation importante, négocièrent, mais en vain, un traité avec la commune, et ce ne fut qu’en 1860 que Mme Maubertier, originaire de ces parages et veuve d’un architecte parisien, parvint à acheter la concession de cette source.

1860

Avec les fonds d’un commanditaire millionnaire appartenant à la haute aristocratie française et l’aide d’un allemand intriguant qui était disait-il, docteur en médecine, elle fit fouiller une sorte de réservoir, une mare. C’est là qu’ils trouvèrent et captèrent sur le roc même, à 4 mètres de profondeur, à côté de celle ancienne, les deux riches sources minérales actuelles sur lesquelles fut bâti un pavillon de style grec très élégant, mais trop exigu et tout près de là une grande construction avec sous-sol pour piscines et douches, rez-de-chaussée pour cabinets de bains, salles et salons et les divers étages pour logements. Ce bâtiment était relié au pavillon des sources par un promenoir couvert qui mal assujetti sur ses bases fut culbuté par un ouragan qui le mit en pièces, 26 octobre 1870 ; on ne put le rétablir du moins sous ses propriétaires de l’époque.

1870

A peine ces divers travaux touchaient à leur achèvement, que de lâches dénonciateurs, ouvriers jaloux, écrivirent au commanditaire que l’on gaspillait son argent, en ne faisant que de fausses manœuvres et qu’on croyait devoir le prévenir afin qu’il se mit sur ses gardes.

Ce qui devait arriver arriva ; au lieu de se donner la peine de vérifier l’ouvrage fait, il suspendit l’envoi de ses chèques, de là cessation de paiements, poursuites, saisies et enfin faillite. On chercha un acquéreur, cette dame et son homme d’affaires Crapelet le trouvèrent, c’était un bon vieux célibataire de Hortes, auquel fut cédé le mobilier pour 25 000 francs et les immeubles pour 50 000 francs, environ le sixième de ce que cela avait coûté, mais c’était à peu près tout ce qu’il possédait.

Il fallut trouver un autre bailleur de fonds pour poursuivre les travaux et faire valoir l’établissement ; il se trouva à Dijon dans la personne d’un ancien notaire qui, paraît-il, n’y mit pas que ses propres capitaux. Voilà les travaux repris, le parc qui ne contenait alors qu’environ 3 hectares, fut dessiné, vallonné et planté, on creusa le lac, comptant pour le remplir d’eau sur la source savonneuse du Grismollet, situé à l’extrémité du pré même, après d’immenses frais on ne put parvenir à la faire remonter du sol, bien qu’autrefois elle suffisait à alimenter un petit moulin ou foulon, qui existait à une cinquantaine de mètres de là.

On répara le château, fait une salle de billard, un chalet pour le docteur, bref l’établissement commençait à être fréquenté, un certain nombre de buveurs arrivaient, mais les frais dépassaient les recettes et la monnaie faisait défaut, si bien que les procès aidant on dut fermer.

Un beau jour où l’on s’attendait à une vente mobilière le propriétaire en titre tombe gravement malade, Madame lui prodigue ses soins qui sont récompensés au décès par l’abandon à son profit de toute la propriété ; elle se retrouve donc en possession comme ci-devant, mais pas d’argent même pour payer les frais de succession, poursuites, procès et tout ce qui s’en suit ; on essaya bien, mais on ne put recevoir assez confortablement les buveurs fidèles trop reconnaissants qui ne voulaient pas, quand même, changer de station thermale ; on referma encore.

1879

Le 5 octobre 1879, les petites affiches nous apportent une grande nouvelle par la création de la Société Anonyme des Eaux Minérales de Martigny, mais la tentative échoua et la propriétaire fut de plus en plus harcelé de poursuites et procès.

1882

Malgré toute la rouerie des hommes d’affaires employée pour retarder la vente par autorité de justice, elle ut avoir lieu ; et l’établissement fut vendu définitivement le 2 mars 1882 à MM J. Kieffer, propriétaire des usines à gaz de Langres, Poligny, Avallon, et A. Chapier, négociant à Neufchateau, qui prirent à cet effet la raison sociale Kieffer et Chapier.

Aussitôt mis en possession les nouveaux propriétaires ont compris la tâche qu’ils s’imposait, il ne suffisait pas que les sources fussent reconnues excellentes, il fallait procurer à tous ceux qui ont besoin d’en faire usage, l’agrément, le luxe des établissements les plus en renom.

L’emplacement de cette station ni encaissée comme le sont beaucoup trop d’autres similaires, ni trop exposée aux grands vents, située en amont du village, par conséquent recevant le cours de l’eau pluvial pur et exempt de toutes les matières qui ailleurs vicient l’atmosphère environnante, se prêtait merveilleusement à tout ce que la maladie, fatiguée ou exigeante peut désirer, c’est ce qui fut fait et qui le croirait ? c’est par le pays même que cet établissement embellit et fait prospérer que ce sont produits les plus ennuyeux obstacles. Hé, mon Dieu, est-ce qu’il n’en est pas presque toujours ainsi, un philosophe a dit : il n’y a pas d’œuvre naissante si bienfaisante fut-elle qui n’ait pour ennemis les ignorants et les malveillants.

Nous ne cherchons pas à donner le détail des immenses travaux exécutés par deux Messieurs, soit souterrainement, soit en vue, nous dirons seulement que le parc a été agrandit considérablement, soit depuis la place de la gare jusqu’aux potagers de la rue dite le Bout d’en haut.

A cette époque il avait déjà une contenance de 8 hectares gracieusement dessinés, vallonnés et plantés de toutes les espèces d’arbres et arbustes que peut supporter notre climat, c’est un vrai jardin des plantes ; au milieu un étang poissonneux, un lac miniature au milieu duquel surgit la petite île des Cygnes et une autre plus grande où s’élève sur un rocher artistement rocaillé, un kiosque rustique, on y accède par deux ponts comme lui également construit en ciment.

Cette pièce d’eau est alimentée par la source Savonneuse dont déjà nous avons parlé, mais qui solidement captée aujourd’hui amène là 22.000 litres d’eau à l’heure qui en ressortent pour augmenter le murmure des riantes cascades du ruisseau.

Le pavillon des sources devenu trop étroit est enlevé pierres par pierres, qui ont resservi à construire le Casino-Théâtre, et remplacé par un bâtiment beaucoup plus vaste en charpente de fer et clos totalement de vitrages, au centre un dôme très élevé et à l’extrémité sont élevées les boutiques de marchands de curiosités et objets utiles, avec promenoir couvert sur le devant.

1883

Dans l’espace que nous venons de franchir, une nouvelle analyse des deux sources désormais distincte, fut confiée en 1883 à l’éminent professeur Jacquemin, directeur de l’école de pharmacie de Nancy, d’où il résulte que la source n°1, dite Jeanne d’Arc ou lithinée, contient au point de vue de la minéralisation, par litres 2.657 dont 0.3 de bicarbonate de lithine, et la source n°2 ou Fontaine au fer 2.646 dont 0.19 bicarbonate de lithine ; leur débit est de 106.000 litres par jour, et leur température est invariablement de 12 degrés.

1893

La société Kieffer et Chapier avait une durée de dix années ; à peine cette échéance arrivée, nous avons eu la douleur de perdre M. Kieffer, enlevé par une longue maladie occasionnée par un travail intellectuel trop écrasant ; son épouse ne pouvant s’occuper d’une affaire exigeant tant de préoccupations, une liquidation devint nécessaire et par arrangement amiable, M. Chapier devint unique propriétaire et gérant de notre établissement, 8 novembre 1893.

Il semblait que tout fut fait, mais à nouveau il achète des terres avoisinant le parc, une maison pour loger le pharmacien et le gardien du parc, il perfectionne la buanderie, construit un vaste bâtiment pour l’embouteillage, achète et détruit une masure qui masquait le parc sur la grande rue, continue la galerie couverte en avant du grand salon et enfin jette les fondements d’un palais qui a nom l’Hôtel International.

1896

Une aussi vaste entreprise devenait à la fin trop lourde pour un seul homme et l’établissement est mis en société par actions. Me V. Marchal, notaire à Neufchâteau, en dresse les statuts, le 16 mai 1896, sous le titre de :

Société anonyme des Eaux minérales et établissements thermaux de Martigny les bains (Vosges), au capital de 2.200.000 francs, divisé en 22.000 actions de 100 francs.

1897

Le 4 août 1897 marque le point de départ de la société dont la durée avait été fixée à cinquante années, est constituée en grande partie par des apports en nature comprenant :

LES SOURCES :

L'IMMOBILIER :

1899

Le 20 juin 1899 la Société et tout le pays a eu la douleur de perdre M. Alexandre Chapier, président du Conseil d'administration; il nous a été enlevé brutalement et subitement par une congestion cérébrale, à Martigny même, où il était venu la veille au soir de Neufchâteau, pour voir ses nombreux clients et amis. Il n'avait que 56 ans; travailleur infatigable et entreprenant, ne doutant de rien, gai, aimable et sérieux tout à la fois, il dirigeait notre établissement à la satisfaction de tous ; ce fut et cela reste un deuil général. Son poste ici a été confié à son gendre, M. Louis Claudel, propriétaire des papeteries de Ville-sur-Saulx (Meuse), qui s'est dévoué pour poursuivre l’œuvre tant aimée de son regretté beau père.

1914

En août 1914, hélas ! alors que tout va bien, c'est la déclaration de guerre. Les hôtels sont réquisitionnés et transformés en hôpitaux militaires... Après la guerre, la situation change. La station végète. Elle passe entre plusieurs mains, semble repartir, avant d'être vendue à celui qui sera son dernier propriétaire jusqu'en 1983, année de son décès. La senconde guerre mondiale ébranle encore plus l'établissement. Si les bombes épargnent Martigny, les Allemands incendient une partie du Grand Hôtel. Le propriétaire, Robert Nègre, fait une première concession en cédant la moitié du parc et l'ancien Hôtel International à l'évêché de Saint-Dié. Un seminaire voit le jour, puis l'institution Saint-Clément, un mélange d'ancien et de moderne du plus parfait mauvais goût. Le président-directeur général de la société Martig avait pourtant des projets. Rien ne se fait, et l'on soupçonne Vittel et Contrexéville d'être pour beaucoup dans cet immobilisme.

Aujourd'hui

Aujourd'hui, le train des eaux ne s'arrête plus à Martigny les Bains. Exit celle que l'on appelait le "versaille thermal"! Depuis la fin de l'exploitation des sources, de nombreuses personnes ont voulu redonner un peu de lustre à la station. On a notamment évoqué la remise sur pied d'une usine d'embouteillage... Sans suite. La commune ne demande pourtant qu'à se laisser griser. Mais il y a si longtemps qu'on lui promet de lui rendre son faste d'antan...

Cependant, une lueur d'espoir vient d'apparaître dans le ciel jusque-là gris de Martigny. Alors qu'un compromis de vente avait été signé en décembre 2007, le projet de la société Docomo ayant pour objectif de réhabiliter l'Hôtel International - en vue de la création d'une résidence hôtelière - s'est concrétisé début juillet 2008. Au total, les travaux à effectuer coûteront environ 10 millions d'euros. Cet investissement impressionnant est justifié par la nécessité de détruire tout l'intérieur de l'hôtel aujourd'hui configuré comme un collège - sa fonction antérieure -, et de renconstruire intégralement les futures chambres. Si le processus d'études et d'appels d'offres suit son cours dans les délais prévus, les travaux, qui ont débutés fin 2008, devraient aboutir à une livraison de la résidence hôtelière - trois étoiles plus, comprenant cent quarante-huit chambres - au printemps 2010. Prévisions de création d'emplois : trente, avec une variation saisonnière d'environ vingt pour cent...

Si moult services esthétiques et ludiques équiperont ce complexe, le volet médical sera prioritaire, avec un centre utilisant les vertus de l'eau. Sa principale cible sera la fibromyalgie, maladie en forte progression et qui ne connait pas encore de traitements médicamenteux. Martigny sera le seul site consacré au soin de cette affection qui concerne six millions de malades en Europe, dont un million cinq cent mille en France, principalement des femmes. Son développement récent dans les pays industriels serait lié au stress et au surmenage inhérents à la vie moderne. La fibromyalgie se caractérise d'abord par des douleurs musculaires, osseuses et articulaires. Elle s'accompagne également d'une intense fatigue physique et psychique. D'autres symptômes, tels que des troubles digestifs, des insomnies, des sensations de chaleur, des pensées suicidaires, peuvent apparaître. Dans sa forme la plus aiguë, la fibromyalgie peut entraîner une immobilisation totale du patient du fait de raideurs intenses. Il n'existe aujourd'hui aucun traitement chimique. Seuls les traitements par l'eau et les massages soulagent et permettent une rémission de la maladie. Si Martigny peut y contribuer, tant mieux !

Les sources de Martigny, limpides, cristallines, légères et d'une saveur exquise sont riches en silicates alcalins, en lithine, en bicarbonate de fer et de manganèse, ainsi qu'en sulfate calcique. Elles représentent l'antagonisme naturel et inimitable de toutes les affections arthritiques, causées par le ralentissement de 18 nutrition.

Leur action dissolvante, désagrégeante et désobstruante est connue du corps médical, mais ce n'est point à nous à parler de tous les bienfaits qu'elles ont rendus et rendront.